Le scandale des Escalators de la gare de Cannes …
ou comment nous avons pris un train de retard.
par Julien Jones et Charles Duplantier
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Deux journalistes multi-expérimentés, ayant déjà, de manière alternative, couvert et découvert des zones de guerre polymorphes, ont décidé d’effectuer un reportage-plaisir à Cannes, c’est alors que les ennuis ont commencé …
Cannes, 23 mai 2015, 12h43, avenue d’Antibes, pâtisserie Pelé, entrée du magasin. En hésitant entre la tarte aux fruits et le “Paris-Cannes”, totalement anéantis, minés, sous le choc des évènements des derniers jours, ne réalisant pas encore vraiment avoir été victimes d’un acte de terrorisme intellectuel, nous comprenons cependant qu’après un 11 septembre, puis un 7 janvier, il y aurait un 20 mai ; nous décidons donc de prendre les deux gâteaux.
Roanne, 28 septembre 2015, 25 rue de l’hôpital. Dans la rue, après une longue période de convalescence durant laquelle nous étions hébergés au sein de la chaleureuse Confédération des Cinéastes Inexpliqués, nous décidons d’un commun accord que la vie doit continuer, et procédons de la sorte. Tout avait pourtant si bien commencé …
Paris, 5 mai 2015, siège du "Monde". Rien.
New York, siège de l’ONU, 5 mai 2015. Charles, de retour d’un reportage éprouvant, plaidant devant l’Assemblée Générale la cause des petits africains dans un tel état de dénuement qu’il ne peuvent pas s’acheter plus de deux pièces Alexander McQueen ou Chanel par mois, rencontre fortuitement Julien, sortant d’un safari scientifique et venu plaider la cause des petites fourmis dans un tel état de dénuement qu’elles ne peuvent acheter du pain en boutique.
Après une brève discussion passionnée sur le repas de la cantine, nous décidons de réaliser un reportage sur les Escalators de la gare de Cannes.
Encore une enquête qui va être rendement menée !
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 5 Mai 2015
Encore une enquêtée qui va être rondement menée !
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 5 Mai 2015
Encore une enquête qui va être rondement menée !
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 5 Mai 2015
Nous contactons immédiatement la Confédération des Cinéastes Inexpliqués afin qu’ils réalisent un clip de promotion de notre future action, car nous le valons bien.
Nous avons fait réaliser un spot avec @2cannes2015 par @laccinex pour notre nouvelle enquête à @VilleCanneshttp://t.co/z2o2QnHpGk
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 5 Mai 2015
Notre spot avec @1cannes2015 par @laccinex pour notre nouvelle investigation https://t.co/CB0uo0cFRP
— Julien Jones (@2cannes2015) 5 Mai 2015
CD : En rentrant de New York par le premier train pour Roanne, confronté à un nouveau scandale, je doute alors de la pertinence du sujet de notre reportage avec Julien.
Pourtant nous décidons de garder le cap...
JJ : Le clip n'était pas piqué des hannetons et dans le fond c'est pas si mal les escalators ! Le sujet est ignoré par les médias alors que la population souffre au quotidien. J'espérais aussi voir des espèces exotiques.
... et produisons un énorme travail de préparation...
Ne touitte pas beaucoup, très occupé avec @2cannes2015 à préparer notre enquête spéciale, mais je serai très bientôt avec vous.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 6 Mai 2015
Cher @antoinedecaunes nous allons très bientôt nous retrouver ! http://t.co/z2o2QnHpGk serez-vous sur le même sujet ? Amicalement. CD
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 10 Mai 2015
… ponctué de quelques instants plaisir...
CD : … tout en gardant le style.
Conscients des avancées technologiques modernes importantes, notamment de l’existence de l’Internet, souhaitant rester “djeun’s” et “dans le vent”, nous avons alors décidé d’ouvrir des comptes “Twetter” et “Instagramme” afin de dévoiler à une population avide de sensations les dessous d’un reportage de terrain en milieu à risque. Nous avons ainsi intensément documenté notre départ pour Cannes.
Départ.
— Julien Jones (@2cannes2015) 12 Mai 2015
Bien arrivés à Cannes avec @2cannes2015 ! Demain nous vous dévoilons le sujet de notre enquête. Le temps est venu de défaire les valises.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 12 Mai 2015
Nous avons souhaité faire de notre présence en ligne et du dévoilement des dessous de notre enquête le symbole d’une écriture et d’un travail de haute exigence journalistique, comme celle mise en oeuvre à l’occasion de ce reportage, et de manière générale dans notre vie de grands reporters. Il ne faut donc pas espérer découvrir dans ce véritable second travail de fond des pastilles humoristiques ou vides de sens, c’est pourquoi nous avons décidé d’utiliser ces documents précieux pour écrire l’article que vous lisez aujourd'hui aux côtés d’illustres personnes ou organisations telles que le jury du prix Pulitzer, Barack Obama, ou encore Chris Esquerre.
Grâce à cette expérience de transparence sociale, le public acharné d’informations a pu découvrir en temps réel, et même, vivre par procuration une vie intéressante, peuplée de dangers, de retournements de situation, de déconvenues et de cannois. C’est donc une fois arrivés, en prenant possession de notre résidence méditerranéenne, que nos talents ont immédiatement du être mis à contribution, permettant à notre public, et vous permettant aujourd’hui, de vivre une véritable aventure.
Ce genre de situation arrive en effet fréquemment aux meilleurs journalistes, nous avons donc du élaborer rapidement une parade, chose que nous avons faite avec élégance, ingéniosité, esprit d’initiative et maîtrise technique.
Une fois sur le terrain, le temps était venu de dévoiler le sujet de notre enquête et de faire ce pour quoi nous étions nés et destinés à briller : du journalisme.
Cannes, 13 mai 2015, croisette. Nous découvrons une ville exsangue, avec une population de réfugiés importante, désorganisée et à la recherche d’une chose si simple et pourtant vitale : la paix … La vision de femmes et d’enfants sur une plage, sans même une tenue correcte, nous a marqué.
Enquête difficile, des gens se massent par endroits sans explication, probablement à la recherche de vivres, 1/2 #Cannes2015
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 13 Mai 2015
2/2 beaucoup de monde,des tentes de fortune semblent être installés sur le bord de mer #Cannes2015
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 13 Mai 2015
Malheureusement notre travail exige précision et concentration. Malgré notre expérience des zones de guerre, il nous a été difficile de préserver sur le terrain ces conditions.
Afin d’éclaircir la situation et de repenser à notre condition de reporters, nous décidons de manger.
Nous constatons immédiatement que cette publication, à l’image de la gastronomie française, a su convaincre le public exigeant d’instagramme. Pleins de convictions et de frites, nous décidons de reprendre notre enquête.
Les données accumulées sont très claires et concordantes : les jeunes apprentis journalistes qui liront ce texte, érigé en modèle dans les années à venir, noteront que ces deux points sont importants pour constituer un bon “papier”, comme on dit dans le jargon. Mais ce travail d’accumulation nous a épuisé.
Cannes, 16 mai 2015. Cela fait maintenant deux jours que nous nous plaignons d’un nombre trop important de personnes dans la ville, nous mettant dans l’incapacité d’effectuer correctement notre travail. Navrés par l’inaction des autorités contactées, en journalistes aguerris, nous comprenons qu’une seule décision s’impose : l’abandon.
Trop de monde, je vous annonce avec regret que nous avons décidé avec @2cannes2015 d'arrêter notre enquête.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 16 Mai 2015
Nous saisissons vite que la résignation n’est pas une fin en soi. Avec l’expérience, nous avons acquis la faculté de voir au-delà et de tirer le meilleur d’une situation semblant perdue : cette enquête ne sera pas inutile ! Il est temps de se baigner.
JJ : En goguette à Cannes, je perçois vite l’opportunité d’assouvir ma passion pour l’aventurisme et les safaris.
CD : De mon côté, considérant que mes dons pour l'investigation ne pouvaient être gâchés, je m’attache à en savoir plus sur ce fameux “festival” dont nous avons déjà pu établir l’existence, à l’aide de preuves concordantes.
Pendant que @2cannes2015 se lance ds le safari,j'ai décidé de mettre mes talents d'enquêteur ds la recherche du thème de ce "festival" local
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 17 Mai 2015
Malheureusement, la conclusion s’impose vite : nous sommes confrontés à un banal, ennuyant, et terriblement peu sexy festival agricole … Cannes nous avait déjà offert plus glamour !
La nature et le découragement reprennent leurs droits, et nous devons avouer avoir été sous le coup d’une petite déprime : le sommeil et la faim l’emportant sur notre professionnalisme habituel…
Grosse chaleur aujourd'hui, je n'ai rien fait du tout sinon dormir, je vais essayer de me trouver un petit sandwich.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 18 Mai 2015
Malgré notre état, nos hautes facultés intellectuelles ne nous ont jamais quitté, c’est alors que la présence d’INCOHERENCES nous frappe !
Bon, il y a anguille sous roche, 2 fois nous rentrons dans ce supermarché, 2 fois nous faisons la queue, et 2 fois un film est diffusé.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 19 Mai 2015
Il nous faut alors de nouveau enquêter, et la solution éclatante se fait jour !
Cette fois, certains de tenir notre sujet, nous décidons d’aller chercher à manger avant de continuer notre enquête de fond et de la réorienter vers le nouveau problème épineux du sujet : où sont localisées les “marches” ?
Bon on va arrêter les frais, on ne mangera jamais ds cette boutique, elle doit avoir un rapport avec le festival, on y voit plein de films
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 20 Mai 2015
Après quelques déconvenues alimentaires, nos recherches portent vite leurs fruits.
CD : Pensant le sujet bouclé, je permet à mon esprit de légèrement divaguer quelques instants.
C’est alors que le lendemain, au petit matin, un courrier inopportun va subitement nous sortir de cette nouvelle torpeur. Un informateur de confiance, dont l'anonymat sera préservé pour des raisons évidentes de sécurité, nous apprend que les marches que nous pensions être “Les marches” seraient banalement des marches.
On me dit que nous n'étions pas sur les bonne #marches hier. #Cannes2015 vous savez où elles sont ? @lemondefr @VilleCannes @CannesPalais
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 21 Mai 2015
Plz RT, je recherche les fameuses #marches de #cannes @Artsper @Nice_Matin @cannes @GQ_France @Telerama @MetroNice @BFMTV @francebleuazur
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 21 Mai 2015
Plz RT, je recherche les fameuses #marches de #cannes @LPJofficiel @GrdJournal @canalplus @Le_Figaro @le_gorafi @LEXPRESS @antoinedecaunes
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 21 Mai 2015
Nos investigations doivent alors reprendre, en ligne et sur le terrain : une solution est vite apportée.
Les nouveaux résultats de nos recherches sont pourtant rapidement infirmés par une source officielle.
@1cannes2015 On vous a dupé ! Ce sont bien les marches, foulées par les plus grands depuis plus de 30 ans :)
— Palais des Festivals (@CannesPalais) 21 Mai 2015
Notre enquête étant définitivement bouclée et confirmée, nous décidons de profiter du festival et de voir des stars !
Le résultat étant médiocre, nous décidons de profiter du festival et de voir un film !
Comme nous sommes à #cannes fortuitement au moment du #festival, ns allons essayer d'y voir un film...Très compliqué...faut 1 accréditation.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 22 Mai 2015
Le résultat n’étant pas meilleur, nous décidons de profiter du festival et de sa fameuse concentration en journaliste pour faire un reportage sur les journalistes.
Le résultat n’étant pas à la hauteur, nous décidons d’assouvir nos passions : la photo pour JJ, et le style pour CD.
Il s’avère que cette nouvelle initiative aura été payante : la rayonance de nos personnes assouvissant leur passion a su nous donner la force de conviction nécessaire pour négocier avec le service de sécurité du festival d’avoir la possibilité d’étudier une montée des marches à 11 heures du matin, en exclusivité internationale !
En tant que professionnels, nous avons pu obtenir une montée des marches, mais pas de film... #emotion
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 23 Mai 2015
Il est alors temps pour nous de documenter notre voyage retour, heureux d’avoir pu effectuer un reportage, mais durablement traumatisés par les révélations subies au cours de ces derniers quinze jours.
Ayant reçu peu de messages me le demandant, je tenais à vous rassurer : je suis bien rentré. #vivant #bienrentre #voyage #Cannes2015
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 24 Mai 2015
Enfin, nous rappelons à ce stade à tous les jeunes élèves journalistes qui liront forcément notre article devenu modestement une “référence” dans le milieu, que l’enquête étant finie, ce n’est pas pour autant qu’il faut se déconnecter totalement de son sujet : il faut le suivre jusqu’à la résolution (aka, la phase suivant l’orgasme, selon le Dr Masters).
Déçu d'avoir été à #Cannes2015 sans savoir qu'il y avait le festival, et d'avoir raté les films. Dans tous les cas, 1/2
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 25 Mai 2015
2/2 félicitations à #SeaOfTrees pour sa #PalmeDor2015 et aux acteurs de #Love pour leur #PrixDInterpretation !
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 25 Mai 2015
On me dit que je me suis trompé de palmarès, ... Les aléas du direct.
— Charles Duplantier (@1cannes2015) 27 Mai 2015
En conclusion : avec beaucoup de rigueur, un travail acharné, sérieux et de fond, un bon journaliste saura toujours rebondir au gré des situations et trouver le sujet pour lequel le prix Pulitzer lui sera certainement décerné.